L’histoire du Chinatown parisien
À l’origine du Chinatown parisien : l’arrivée dans les années 70 de réfugiés d’ex-Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos) souvent d’ascendance chinoise. Vous vous posez sans doute de nombreuses questions sur la création de ce quartier, son histoire, ses habitants… Découvrez toutes les réponses dans cet article !
Où se trouve le Chinatown parisien ?
Le plus grand Chinatown d’Europe
Comme les autres grandes villes mondiales d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord (Londres, Kuala Lumpur, Tokyo, San Francisco, New York), la France a aussi son Chinatown et il se trouve dans Paris, plus exactement dans le 13e arrondissement ! Le Chinatown parisien est considéré comme le plus grand quartier chinois d’Europe ; il se définit géographiquement par le triangle formé par l’avenue d’Ivry, l’avenue de Choisy et le Boulevard Massena, ainsi que les rues environnantes et la vaste dalle des Olympiades.
Une architecture singulière
Ne cherchez pas de grandes arches aux couleurs rouge et dorée, de bâtiments en briques avec ses toits incurvés ou de lanternes chinoises venant égayer ses rues. Vous reconnaîtrez le Chinatown parisien par ses grandes tours qui rappellent un peu celles de Hongkong. Vous serez guidés par les couleurs et les odeurs qui vous entourent : thés aux magasins d’épices et de condiments, herboristeries chinoises, rôtisseries, magasins d’encens…
Un quartier culturel riche
Les fresques Street Art réalisées en 2015 par l’artiste français Stew (« Héron ») et l’artiste portugais Pantonio (« Tourbillons de sardines ») rendent hommage aux habitants du quartier, dont une grande partie est d’origine asiatique. Symbole de vie, de fécondité, de virilité pour les hommes, mais aussi de richesse et de chance, le poisson est un symbole que l’on retrouve partout dans la culture chinoise.
À quand remonte la création du Chinatown parisien ?
Les années 70-80
Dans un contexte de troubles politiques dans les pays de l’ex-Indochine dans les années 70 (génocides perpétrés par les Khmers Rouges au Cambodge, travaux forcés dans le Laos communiste, guerre du Vietnam et régime communiste), la France a accueilli entre 1975 et 1987 environ 145 000 réfugiés de ces pays, pour une grande partie d’origine ou d’ascendance chinoise (60 à 70% d’entre eux). D’importantes communautés chinoises s’étaient en effet installées au Cambodge, au Laos et au Vietnam, parfois depuis plusieurs siècles, pour des raisons économiques et plus tardivement pour des raisons politiques (occupation japonaise en 1939, arrivée des communistes au pouvoir en 1949).
Les années 90
Ainsi, en 1990, les Vietnamiens, les Cambodgiens et les Laotiens (qu’ils soient ou non d’origine chinoise) formaient les trois-quarts de la population asiatique du 13e.
Qui sont les habitants du Chinatown parisien ?
Origines et religions
Le terme Chinatown peut laisser penser que ses habitants sont d’origine chinoise, mais c’est un peu plus compliqué que ça. En réalité, la population asiatique qui a peuplé le quartier chinois du 13e ne vient pas de Chine. Elle est majoritairement composée de réfugiés du Cambodge, Laos et Vietnam. Ce quartier se caractérise donc par une population aux identités multiples. Au total, neuf nationalités sont représentées et plusieurs religions se côtoient :
- Bouddhisme (temple de l’Amicale des Teochew, temple de l’ARFOI)
- Catholicisme (Eglise Sainte-Hippolyte, Eglise Notre-Dame-de-Chine)
- Protestantisme
Langues et dialectes
Et cela explique aussi pourquoi vous pouvez entendre autant de langues et de dialectes différents dans le 13e ! En effet, la population du 13e parle plusieurs dialectes chinois (le cantonais, le teochew, le hokkien, le hainanais…) et plusieurs langues nationales (le mandarin, le cambodgien, le vietnamien, le laotien, le thaï…). La diversité des identités a ainsi donné lieu au développement de nombreuses associations régionales dans le quartier et a permis la concentration sur un petit périmètre d’une richesse culturelle assez incroyable !
Pourquoi le Chinatown parisien se trouve au sud de Paris ?
Le projet Italie 13
À l’origine de l’installation des populations asiatiques dans le quartier chinois du 13e arrondissement, une opération immobilière de grande envergure qui ne séduit pas les Parisiens.
En 1964, dans un contexte de pénurie de logements et de forte croissance démographique, la Mairie de Paris lance l’Opération Italie 13, dans ce quartier peu peuplé du 13e. Destinée initialement aux jeunes cadres aisés, les pouvoirs publics font le choix d’un urbanisme vertical et de dalle avec pour objectif de rassembler différentes fonctions d’un quartier : habitat, emploi, commerces, équipements scolaires et loisirs. Mais ce projet, et notamment l’architecture des tours, ne satisfait pas l’opinion publique. La vente des logements est difficile, ce qui conduit les promoteurs à baisser les prix.
En 1975, l’Opération Italie 13 est arrêtée au profit de la réhabilitation des immeubles anciens. Le projet reste inachevé : certaines tours, des espaces verts et des équipements collectifs n’ont pas été construits. Initialement prévus à la vente, les appartements sont mis en location.
C’est donc dans ce contexte, et profitant de cette opportunité immobilière, que les réfugiés d’ex-Indochine investissent à leur arrivée les logements et les commerces du 13e arrondissement dont personne d’autre ne voulait à l’époque. Il faut noter que l’architecture de la dalle des Olympiades aux formes asiatiques, prévue dans l’Opération Italie 13, existait avant l’arrivée des Asiatiques dans le quartier ! Un signe du destin peut-être ?!
Comment sont arrivés les commerces et restaurants ?
Cette population asiatique fraîchement installée a bien sûr drainé dans son sillage les commerces de bouche et de distribution correspondant à ses habitudes alimentaires. En effet, sans qualification leur permettant d’intégrer d’autres secteurs économiques et avec leur mauvaise maitrise de la langue française, les premières générations d’Asiatiques se sont spécialisées, à leur arrivée, dans le commerce de détail, la restauration et la confection. Ils ont ainsi créé leur propre entreprise et ont fait de leurs origines un atout (restauration, vente de produits asiatiques). D’autres secteurs ont peu à peu fait leur apparition : banques, agences immobilières, agences de voyages…
On distingue aujourd’hui quatre espaces commerciaux principaux dans le quartier Chinatown :
- Avenues d’Ivry et de Choisy (dont Tang Frères et Paris Store)
- Centre Mercure, centre commercial non couvert sur la dalle des Olympiades
- Galerie Oslo : galerie couverte sur la dalle des Olympiades
- Galerie Masséna 13 : galerie couverte dans le quartier Villa d’Este – Vénétie, la seule à ne pas être majoritairement asiatique.
Actuellement, on assiste à un phénomène intéressant dans le quartier. Il s’agit de la reprise par les deuxièmes générations d’immigrés de nombreux restaurants et commerces créés par la première génération. Par conséquent, cela a permis à de nouvelles enseignes de voir le jour. Elles représentent l’équilibre parfait entre la tradition des anciens et la modernité dans laquelle ont grandi leurs enfants.
Il ne vous reste plus qu’à venir découvrir tout cela par vous-même !
L’équipe Chinatown Paris